Limites Numériques #3

Bonjour tout le monde, ce mois-ci on se penche sur la maintenance, la réparation, le soin de nos équipements numériques ↓

Obsolescence

Et si on “terminait” les applications ?

Plus fondamentalement cela pose la question de comment se répartit la charge de la maintenance du numérique, entre les équipes de développement, les plateformes d’intermédiation, les utilisateurs (dans leur pluralité) et une classe dédiée de réparateurs.

Dans Permanently Beta, écrit en 2002, Gina Neff et David Stark discutent de l’effet des process de développement informatique itératifs (et les mises à jour constantes) sur les modes d’organisation des entreprises du numérique.

Il y a quelques jours, d’anciens ingénieurs de Google ou Uber discutaient du cycle “Launch, Promo, Abandon” sur Twitter et Reddit : le lancement d’un produit étant un critère important pour les promotions de carrière, et ayant pour effet que nombre d’ingénieurs ayant participé au lancement quitte les équipes produit pour en rejoindre de nouvelles, laissant à d’autre les tâches de maintenance et d’évolution.

Ceci dans un contexte où Stadia, la plateforme de “cloud gaming” de Google fermera l’année prochaine. Pourra t’on utiliser les manettes Stadia en bluetooth après cela ? Pour le moment non, car Google n’a jamais activé la fonctionnalité, et il faudrait une mise à jour du firmware pour le faire. Mais vu que tout le monde est parti…

Livres & papiers de recherche

  • Dans cet article / essai [en], Shannon Mattern invite à mieux étudier les pratiques de maintenance et de soin de nos objets, nos environnements, nos villes et nos relations sociales, là ou l’innovation est trop souvent le paradigme dominant. Elle nous invite à reconnaître la place de tous ces actes de préservation et de conservation, formels et informels tout en prévenant des risques d’une romantisation de ces activités, souvent effectuées par des classes défavorisées. Une approche qui nous suggère de s’interroger sur ce qui, aussi, ne devrait plus être maintenu, que l’on devrait délibérément fermé.
  • Dans Le soin des choses, sorti récemment, Jérôme Denis et David Pontille explorent la multitude d’objets, d’activités et de figures qui font la maintenance. Voir cette présentation récente des auteurs.
  • En 2020, Lee Vinsel et Andrew L. Russell deux membres de l’équipe des Maintainers, publiaient The innovation delusion dans lequel ils critiquent l’idéologie de la nouveauté permanente, des risques qu’elle induit et du coût qu’elle a justement sur les activités de soin et de maintenance.
  • Enfin ce sujet est également traité par Nicolas Nova, récemment interviewé dans le Code a Changé, qui a enquêté sur les boutiques de réparation du coin de la rue. En se montant comme un réseau d’expertise parallèle, ouverts à tous y compris aux populations parfois exclues comme les migrant·es, ces boutiques sont devenues un élément central dans cette économie de la réparation.
    Si vous voulez creuser, Nicolas et Anaïs Bloch ont publié Dr. Smartphone, An ethnography of mobile phone repair shops [en] composé d’observations photo, BD et comptes-rendus. Il y a aussi d’autres études sur ces magasins en Corée du Sud, Bangladesh, Philippines, Inde.Disponible en ligne ici
  • Dans Repair and software [en] Jason Farman nous rappelle la relation tendue entre logiciel et matériel quand il est question de réparation et de maintenance de smartphones.

“Ce n’est pas simplement l’objet physique qui a besoin de réparation ou de maintenance, mais l’objet physique dans sa relation avec la mise à jour perpétuelle du logiciel.”

Systèmes d’exploitation pris en charge par les appareils Apple

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En vrac

Anecdotes des lecteurs·rices :

N’hésitez pas à nous envoyer en retour de mail vos anecdotes sur le sujet.

Elie nous raconte

Voici mon casque bluetooth qui avait les mousses qui partaient en lambeau, je les ai rénovées avec un bien plus joli tissu ! D’ailleurs, la connexion jack a cessé de fonctionner un an après l’achat, mais après plus de 5 années d’usage il marche toujours aussi bien en bluetooth !

Alix nous raconte

J’ai acheté un dumb phone au moment ou mon iPhone 5s a cessé de se charger. Je voulais depuis longtemps passer a un outil moins chronophage. J’ai récupéré un appareil photo numérique et un iPod pour la musique, j’imprime des cartes ou j’écris des itinéraires sur mon bras avant de partir mais je me balade souvent avec mon ordinateur pour acheter des billets de train, répondre à des mails. J’ai aussi parfois l’impression de m’isoler de cette manière car je n’ai plus accès aux interactions sociales liées aux fonctions des réseaux sociaux et discussions de groupe.

Merci pour votre lecture et à bientôt !

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