Salutations !
Commençons par les actus du projet Limites Numériques puisque nous lançons le site limitesnumeriques.fr !
Vous y trouverez nos travaux documentés, du contenu utile pour sensibiliser ou s’acculturer sur le sujet, des formats d’animation et bien d’autres choses.
Voici les premiers contenus :
- “Démontage Conférencé” : un format un peu particulier de sensibilisation à l’empreinte du numérique et à sa matérialité : les participant·es sont amenés à démonter des objets numériques pendant qu’un·e intervenant·e anime une conférence où les données sur le sujet sont visualisées graphiquement ou physiquement.Concentration moyenne du cuivre dans les mines d’extractionPlusieurs moyens de visualisation sont documentés. Nous avons même dédié une page composée de plusieurs visualisations en emojis et glyphs. Résultat : hyper léger et facilement copier-collable dans vos présentations !
La longueur cumulée des câbles sous marins ? – 32 fois le tour de la Terre :
🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲🌍⟲
- Les comptes-rendus d’entretiens, menés par Léa sur l’obsolescence logicielle et matérielle des smartphones. Vous les retrouverez sous forme de huit BD ici accompagnée de la méthode de recherche (et bientôt l’analyse !)
Attachement et détachement
À l’approche de Noël, il est temps de parler d’attachement et détachement à nos objets 🎁.
- Pourquoi garde-t-on certains objets alors que nous jetons les autres sans vergogne ? W. Odom et ses collègues en analysent les raisons. Si cet attachement est difficilement anticipable, on note néanmoins que les objets (traditionnels ou numériques) dont le design et les choix techniques permettent la personnalisation, la reconfiguration ou la modularité, restent plus longtemps dans les mains ou tiroirs de leurs propriétaires. (On pense aussi à l’effet Ikea : nous accordons une grande valeur aux objets que nous fabriquons). Les principes ont été testé dans un processus de création d’objets plus durables dans cette étude.
Néanmoins, penser qu’augmenter l’attachement à nos objets augmentera leur durée de vie nous semble une question mal posée. Surtout quand il s’agit d’usage d’objets et services numériques, il est plus souvent question de dépendance, de captation, bref d’attachement. Il est souvent difficile de faire sans telle messagerie, telle application, telle technologie sans risquer frictions et coupures sociales. Ne plus pouvoir acheter ses billets autrement que sur de récents smartphones participent à leur renouvellement. Il nous intéresse de penser la détachabilité technique, voire le “non-usage” :
- Andres Lucero a vécu sans téléphone pendant 9 ans, et le raconte sous forme d’auto-ethnographie dans Living Without a Mobile Phone.
- Plus récemment dans Design for Obsolete Devices, Anaëlle Beignon enquêtait sur la manière d’utiliser certains services (transports en commun, rdv administratifs etc) sans smartphones mais avec des dumbphones.
- C. Satchell et P. Dourish, ont identifié plusieurs formes de non usage, entre autre :
- Le “retard” d’adoption, critiquant la présupposition qu’à terme l’adoption viendra ;
- La résistance active, par des actions délibérées pour ne pas adopter une technologie ;
- Le déplacement, quand l’usage se fait par une autre personne, un autre dispositif, une autre techno ;
- La marginalisation qui empêche certains usages, on peut penser aux enjeux d’accessibilité, mais aussi à la marginalisation financière, sociale, spatiale qui conditionne les (non) usages ;
- et trois autres formes de non-usage à découvrir dans l’article.
- Olivier Ertzscheid critique la tendance à la “non-détachabilité” des œuvres culturelles (films, musiques, jeux-vidéo) par rapport à leur plateforme (Netflix, Spotify etc) autorisant des pratiques de captation de données.
- Design Ends s’intéresse à l’expérience utilisateur de fin d’usage d’un produit, notamment le “off-boarding”.
Régulation
- Un forfait réparation d’équipements électriques de 10€ à 45€ à partir du 15 décembre dans le cadre de la loi Agec. La liste des équipements concernés.
- En septembre la doctorante Esther Noël intervenait sur le thème Obsolescence logicielle et environnement : une inefficacité juridique assumée ? Dans son intervention, l’obsolescence logicielle est principalement vue à travers les mises à jour pouvant entraîner une dégradation de l’usage. Elle y rappelle la difficulté du droit à traiter des questions d’obsolescence en particulier logicielle qui ont jusque là relativement échappées à la réglementation. Les fabricants auraient ainsi pu augmenter les formes d’obsolescence logicielle ces dernières années. S’il n’existe actuellement peu d’outils de régulation, les choses commencent selon elle à bouger :
- En France, l’indice de durabilité prévu en 2024 par la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire devrait intégrer une dimension logicielle et est actuellement discuté. De plus, l’ordonnance de 2021 relative à la garantie légale de conformité pour les biens, contenus et services numériques, mentionne également la possibilité pour les consommateurs de refuser les « améliorations logicielles allant au-delà de ce qui est prévu au contrat et de ce qui est nécessaire pour assurer la conformité du bien. »
- En UE, l’initiative en discussion du PACTE VERT de la commission européenne établirait des exigences d’éco-conception sur les mobiles et prévoit des dispositions sur les mises à jour. Notamment l’obligation d’une durée minimale de 5 ans pour les mises à jour de sécurité et de 3 ans pour les fonctionnalités. À titre de comparaison, Android prévoit un abandon des mises à jours au bout de 2,5 ans, et Apple plutôt 5 ans.
Obsolescence
- Les notes de l’indice de réparabilité sont globalement hautes. Trop ? iFixit, qui réalise une notation de son côté essaie de trouver pourquoi ? Par exemple les smartphones bénéficiant d’un bon SAV peuvent profiter d’une bonne note même s’ils sont difficiles à ouvrir.
- Le New York Times revient sur la maintenance des smartphones et fait référence à cette étude de 2021. Selon les sondés la raison la plus courante du renouvellement est une baisse de performance (logiciels plus lent, batterie dégradée). Au cours des cinq dernières années, 25% des personnes qui ont eu un téléphone en panne avaient essayé de le faire réparer avant de finalement le remplacer, seulement 16% réussissant à le faire réparer, faute aux difficultés de réparation.
Ces enquêtes s’inscrivent dans le cadre du projet européen PROMPT à évaluer la durée de vie de produits de consommation pour mieux l’étendre.
Sans limites
- La solution cloud d’Amazon en Irlande s’équipe de plus de 100 générateurs diesel.
- Apple a un programme de recyclage et promeut maintenant la réparation mais finance aussi de nombreux lobbys s’opposant aux législations sur la réparation.
- 5 milliards de téléphones portables jetés cette année ?
Trouvé sur Wetransfer
En vrac
Le Kenyan DJ Boboss mixe sur une platine très low-tech, réalisée à partir de différents objets et composants électroniques.
- La dernière version d’iOS aux États Unis permet de ne charger le téléphone qu’au moment où l’électricité du pays est la moins carbonée. Activée par défaut sur des millions d’iphones, la fonction pourrait avoir un impact non négligeable. Cela s’ajoute à d’autres fonctionnalités visant à faire durer les batteries plus longtemps (par exemple en contrôlant mieux le taux de charge).
- Apple va rendre plusieurs modèles d’iMac obsolètes (datant de fin 2013, à fin 2014) à la fin du mois. La liste des modèles nommés “vintage”.
- Stack Overflow (un genre de gros forum pour développeur·euses) travaille à une version hors ligne de son site dans les contexte de connexion limitée voire inexistante (ex : en prison où des programmes d’initiation à la programmation ont lieu).
L’anecdote
Léa, de l’équipe, fait des BD pour rendre compte des entretiens qu’elle a mené. Retrouvez l’histoire complète ici.
Merci de nous suivre et à bientôt !