Pour archivage – synthétisé pour la newsletter n°4

Les notes de l’indice de réparabilité sont globalement hautes. Trop ? Ifixit, qui réalise une notation de son côté essaie de trouver pourquoi ? Par exemple les smartphones bénéficiant d’un bon SAV peuvent profiter d’une bonne note même s’ils sont difficiles à ouvrir.

Le New York Times revient sur la maintenance des smartphones. Il fait notamment référence à une étude de 2021 sur le taux de remplacement de produits électroniques en Europe de l’ouest.

Age estimé de produits électroniques au moment de leur remplacement (smartphone, aspirateur, télévision, machine à laver)

Pour les smartphones, le sentiment de baisse de performance semblait à l’origine d’une valeur d’usage décroissante, alors que l’efficacité énergétique (batterie) et le sentiment qu’il est temps pour un nouveau smartphone (en comparaison à d’autres) poussaient au renouvellement.

Cette enquête s’inscrit dans le cadre du projet européen PROMPT (PRemature Obsolescence independent Multi-stakeholder Product Testing programme) qui vise à développer un programme de tests pour évaluer la durée de vie de produits de consommation. L’ambition est d’ “étendre la durée de vie des projets et mieux les intégrer dans une économie circulaire”. Le projet implique Fraunhofer IZM et TU Delft, des associations de consommateurs européens (dont Que Choisir), et des réparateurs (iFixit et R.U.S.Z.)

L’article du NYT évoque par ailleurs une étude du Consumer Reports (un équivalent de l’UFC Que Choisir américain) soulignant les difficultés de réparation. Au cours des cinq dernières années, 25% des interrogés avaient essayé de faire réparer leur téléphone avant de finalement le remplacer, seulement 16% réussissant à le faire réparer. Le reste utilisant un téléphoné cassé, ou le remplaçant.

Articles et livres universitaires

Avec le black Friday et les emplettes de noel en ligne de mire, on va parler d’attachement (aux objets) et de suffisance.

  • William Odom et ses collègues se posaient la question de pourquoi on garde certains objets et on en jette d’autre. En s’appuyant sur les travaux de Peter-Paul Verbeek, ils proposent d’analyser les attachements au prisme de trois propriétés des objets : la fonction, la symbolique, et les qualités matérielles.
  • Dans sa thèse Christian Remy s’est intéressé à la mise en application du “attachment framework” développé plus haut, par des designers. Son étude montre les limites d’un exercice ponctuel de création d’attachement objet par objet, et le besoin d’un changement de cadre plus systémique.
  • Ruth Mugge a aussi enquêté sur l’attachement dans le cadre de sa thèse entre design et marketing Product attachment (2007), elle y développe une approche psychologique centrée sur les émotions, qui rend peu compte des aspects sociaux et situés des attachements, s’intéressant plutôt aux choix de consommation et à la présentation de soi. R. Mugge est co-autrice de l’étude sur l’obsolescence mentionnée plus haut et participe au projet PROMPT.

Nous avions déjà évoqué dans notre 1e édition l’article Digital sufficiency: conceptual considerations for ICTs on a finite planet. Une autre forme de suffisance qui nous intéresse est le non usage.

  • Andres Lucero a vécu sans téléphone portable pendant 9 ans, et le raconte sous forme d’auto-ethnographie dans Living Without a Mobile Phone : An Autoethnography.
  • Christine Satchell et Paul Dourish, parle de non usages dans Beyond The User: Use And Non-Use in HCI. Ils présentent les formes suivantes de non usage :
    • Le “retard” d’adoption, critiquant au passage les modèles de diffusion de l’innovation, et la présupposition qu’à terme l’adoption viendra ;
    • La résistance active, se distingue du retard par des actions délibérées pour ne pas adopter une technologie ;
    • Le désenchantement qui se traduit plutôt par un usage partiel, à reculons ;
    • La marginalisation qui empêche certains usages, on peut penser aux enjeux d’accessibilité, mais aussi à la marginalisation financière, sociale, spatiale qui conditionne les (non)-usages ;
    • Le déplacement, quand l’usage se fait par un intermédiaire: une autre personne, un autre dispositif, une autre technologie ;
    • Le désintérêt, soit qu’une technologie établie deviennent moins utile et s’efface progressivement, soit au contraire qu’une émergeante ne suscite que peu d’intérêt.

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